vendredi 21 octobre 2016

Alice in Murderland #1 - Kaori Yuki

Résumé:
La famille Kuonji possède l’un des plus puissants groupes industriels au monde. 
Lors de la traditionnelle tea party mensuelle, qui rassemble ses 9 enfants, la patronne du groupe, Olga, annonce solennellement qu’il est temps pour celui qui héritera du groupe de se distinguer de ses frères et sœurs : « À partir de maintenant, j’aimerais que vous vous entre-tuiez. » 
En plein chaos, alors qu’elle est en train de perdre la raison, la quatrième fille, Stella, se transforme en une magnifique jeune fille blonde vêtue d’une robe bleue et d’un tablier blanc… !

Extrait :
« Alors, cher grand frère Sid, tu es prêt? Puisque tu as détruit ce à quoi Stella tenait plus que tout…. Tu ne t’opposeras pas au fait d’être détruit à ton tour? »


Informations sur le manga :
Titre du tome : Alice in Murderland
Date de sortie française : 1er juin 2016
Nombre de tomes : 5 ( en cours )
Numéro de tome : N°1
Auteure : Kaori Yuki
Prix : 7€20
Collection : Pika
Pages : 192
Appréciation : ★★★
Note : Il est difficile à noter mais ce sera un 14/20 pour moi.

Ma chronique :
Et je reviens aujourd'hui pour une chronique sur Alice au Pays des Merveilles! Si hier, j'avais posté mon avis sur le très bon et prometteur tome 1 de "Are You Alice?", je vous avais prévenue que le prochain serait à nouveau sur ce conte revisité, en étant complètement gaga.
Beaucoup de monde attendait avec impatience la sortie de cet opus. Je l'ai découvert grâce au classement effectué par Nautiljon, rassemblant les dix mangas les plus attendus par les lecteurs. Et il était tout naturellement en première position. Mon engouement s'est directement manifesté! Je trouvais la couverture magnifique. Et j'étais très intriguée par le fait que cela soit un shôjo mélangé à du sanguinaire. Le résumé me séduisait assez.
J'ai donc lu un extrait et en fus dubitative par la suite.

Comme le dit si bien le résumé, nous suivons la vie de Stella Kuonji. Héritière d'une nombreuse famille dirigeant le pays, elle est conviée avec ses frères et sœurs, comme à chaque fois, à une tea party. La jeune fille a également hâte de pouvoir célébrer l'anniversaire de son grand frère Zeno, dont elle est justement amoureuse. Typique des japonais. Or, lors de ce mad tea, la mère de famille annonce que le prochain qui prendra sa succession ne sera pas l'aîné : mais le gagnant d'un jeu macabre. Celui qui survivra à la tuerie fraternelle succèdera au pouvoir. Ils ont tous un an pour s'entre-déchirer dans les limites de la propriété. Et comme moyen de pression, la mère détient l'idéal. La personne auquel chaque adolescent tient le plus, l'invité de chacun à la tea party. Si ils n'accomplissent pas un meurtre ou une certaine mission avant le temps imparti, ils peuvent dire un au revoir définitif à leurs proches.

Il faut savoir que les espérances qui reposaient sur ce manga étaient en partie dus à la dessinatrice à succès Kaori Yuki. Je connaissais de nom son ancienne série mais je n'ai pas fait l'effort de mettre les pieds dans son univers car je n'étais tout simplement pas tentée et que j'avais nombre de lectures plus intéressantes à entreprendre à mon goût. Le charisme des dessins de l'auteure japonaise combiné au revisité de ce conte devaient produire un mélange explosif. Est-ce que cela a été le cas pour moi? En partie.

Je n'ai donc pas acheté le tome lors de sa sortie mais l'ai reçu en cadeau d'anniversaire. Naturellement j'étais plutôt contente et, bizarrement, c'est le premier volume de ma pile que j'ai sorti.

Kaori Yuki décrivait son univers comme complètement fou et déjanté. Je ne peux que la rejoindre sur ce point. Et, bien qu'il y ait des ressemblances avec Alice, je ne me suis pas retrouvée exactement comme dans l'œuvre de Lewis Carroll. On en était assez loin même.
La dessinatrice nous offre un univers gothique ( ce qu'elle revendique bien sûr! ) et bien sombre. Une fois revisité à sa sauce, je ne savais pas trop quoi en penser ni l'effet qu'elle allait pouvoir produire sur nous, lecteurs. Ici, l'action s'enchaîne, nous n'avons pas le temps de souffler, des combats et des éclaboussures de sang nous attendent à chaque page. La jeune Stella, tout comme les autres membres de la famille Kuonji, possèdent deux personnalités. En l'occurrence, le côté noir de Stella se traduit sous la forme d'Alice, une tueuse sanguinaire et sadique. Nous sommes bien loin de la petite fille naïve et adorable du conte, n'est ce pas?

Mais bien sûr, nous retrouvons des éléments propres au monde originel. La transformation en Alice, la folie des personnages ( bien qu'encore plus particulière ), les tea party ( comment ne pas regarder Alice sans avoir envie d'un bon thé? ), l'utilisation du terme Bandersnatch. ( Si l'orthographe est fausse, c'est normal, je ne suis pas sûre du tout XD )
De plus, Kaori Yuki distille d'autres éléments : elle parle de "vampires", de "vaudou", elle instaure les légendes urbaines comme "Jack l'éventreur", elle ajoute même "Le Petit Chaperon Rouge". La matriarche pouvant elle-même être associée à la Reine de Coeur.

Ce Pays des Merveilles, elle se l'approprie et forme un amalgame "cauchemardesque" et glauque. Au début, j'ai justement eu un peu de mal avec tout cela. Je trouvais que l'ensemble était un peu brouillon comme si l'auteure voulait inclure plein de détails mais ne savait pas exactement quand les insérer. La complexité de son manga m'a un peu déboussolée par moment.
Mais en tout cas, ce qui est sûr c'est quand ne s'ennuie pas. Kaori Yuki ne nous épargne pas et ne nous apporte pas d'armistice où nous pouvons souffler.

Je ne peux donc pas réfuter les points positifs qui parsèment le monde de l'auteure ni son travail. Cet univers, bien qu'inspiré, possède ses caractéristiques propres et part sur une base assez solide.
Le meilleur point, selon moi, vient de la dualité de ses personnages. J'ai beaucoup apprécié la folie qui se dégageait de la mère de famille en plus de son design. Elle n'est nullement émue à la perspective de voir ses enfants adoptif mourir l'un après l'autre, elle s'en réjouit comme une fillette le matin de Noel.
Chaque personnage cache une autre facette terrible de lui-même et il me tarde de découvrir comment chacun va l'exploiter et sous quels traits ils vont se transformer. Et pour un shôjo - je n'aurai pas donné ce terme à ce manga - ce monde est subitement violent et sanglant. Rien de bien gore ni de si effrayant comme les survival game d'horreur dans ce tome mais quelque chose de poignant et prenant. C'est un univers encore fragile mais réfléchi bien qu'il manque encore de maîtrise selon moi.

On s'attache au personnage de Stella ( j'adore ce nom! ) qui, de base, a bien sa place dans le milieu du shôjo. Eperdument amoureuse de son grand frère, elle se lancera dans la chasse si elle peut le sauver. La jeune fille est terrifiée et peine à savoir à qui encore elle peut faire confiance. Elle se rendra vite compte que pour le pouvoir et la supériorité elle n'aura de cesse de fuir et de ne compter que sur elle-même.

Au niveau du graphisme, j'étais assez perplexe mais, après réflexion, le dessin de Kaori Yuki s'insère à merveille. Fin, noir, un peu brouillon mais assez soigné, fluide, et plutôt dynamique, incluant une touche sombre irrémédiablement propre et indispensable à l'univers.
Ce shôjo - maintenant je suis habituée à ce terme - casse les codes habituellement niais et dégoulinant ( attention j'adore les shôjos! ) qui font justement de cette catégorie ce qu'elle est.

Dès le début, nous nous immergeons dans le manga et l'ambiance oppressante qui le constitue. Si, comme tout premier tome, il pose les bases, les chapitres ne sont absolument pas plats et ne manquent pas d'ampleur ni de palpitations. Mon coeur battait violemment pendant les scènes de combat. Cela m'a vraiment fait un choc quand les frères et sœurs se sont mis à se battre entre eux, même si le résumé et les circonstances m'y avaient préparé. Beaucoup d'intention suinte des pages de ce manga. Je me suis rendue compte que j'étais vraiment guimauve, sachant qu'il fallait se méfier, j'étais pourtant dans la peau et les pensées de Stella et je faisais confiance quand elle faisait confiance.
Tout est attirant et s'enchaîne à vitesse grand V. On va de surprises en surprises et ce, jusqu'à la fin du volume. J'ai adoré me sentir déboussolée, telle Alice, ne sachant dans quelle direction m'orienter.

Reparlons du dédoublement de la personnalité de chacun. La mise en place de la folie et la lutte constante de Stella, qui n'abandonne pas mais refuse de se livrer à ce jeu sanguinaire, est vraiment bien abordée et mise en scène. On sent la torture de la jeune fille qui résiste à ses pulsions meurtrières, celles de Bloody Alice.
Nous sommes faces à de véritables psychopathes qui nous collent au train et se cachent à chaque coin de porte.
Kaori Yuki cerne et accule chaque être humain. Capable de trahir autrui au nom de l'amour, de la richesse et même de tuer sans remords pour parvenir à ses fins.

Je n'ai pas encore totalement perçu de quoi retournait les lapins noirs ou autre mais le personnage de Tsukito, un jeune homme en mal d'amour, capable de se suicider pour Stella, l'aimant de toutes ses pores est assez intéressant. Il épaulera la jeune femme dans sa tuerie et peut-être exécutera-t-il pour elle sa basse besogne.
Entre trahisons, crises de larmes, schizophrénie et tension, comment Stella survivra-t-elle?

En bref, j'ai tout de même hâte de lire la suite pour voir l'évolution des personnages et de me procurer ce tome 2. Si on gomme les quelques défauts présents dans ces pages, ce manga est vraiment accessible et original et peut se révéler être un bon parti pour la suite! Courage Stella! Ne perd pas la tête et ne laisse pas la soif de sang t'envahir!

« Let’s dance until we die ! »


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